S’installer en Angleterre

Voici quelques informations pratiques concernant l’installation à Cambridge. Plus qu’un guide général, je vous raconte les suprises que nous avons eues au cours de notre installation, en espérant que cela puisse aider quelqu’un avant de s’expatrier. Donc les détails s’appliquent à Cambridge, UK, et à une situation spécifique, mais il est probable que de nombreux pays “anglo-saxons” présentent des caractéristiques similaires…

Habitation

Il y a beaucoup plus de meublés qu’en France, et les loyers sont beaucoup moins contrôlés. La durée du bail est généralement de 6 mois ou d’1 an. Pas de 3, 6, 9 comme en France, et si le locataire veut partir avant la fin, il doit payer une indemnité, même en cas de préavis (environ 100£ par mois d’ici la fin du contrat plus éventuellement les frais de publicité, 40£, et les frais de visite, 65£…). Pour obtenir un bail dans une agence, il faut sortir blanc comme neige d’une “enquête”. Bien sûr vous devrez payer pour cette enquête (environ 50£ par signataire du bail). L’enquête comprend un credit check, j’y reviendrai, et l’agence contacte, par téléphone ou mél, des garants dont vous fournissez les coordonnées : parents, employeur passé ou présent, ancien propriétaire… Évidemment, le fait de débarquer d’un autre pays ne rend pas la chose très facile…

Comme en France il y a ensuite une rançon… heu… non… une caution, à payer. Parfois la caution n’est simplement pas rendue, mais il semble que les choses s’améliore, et parfois la caution est conservée par une institution indépendante du bailleur : the Tenancy Deposit Scheme. Au total, à Cambridge, nous avons dû débourser environ 3000£ (comprenant le premier mois de loyer) pour obtenir les clés d’une maisonnette avec 2 chambres à 12 miles du centre ville. Évidemment, ils ne prennent pas les chèques en euros… et si vous venez de payer un vol depuis la France, la location d’une voiture et une chambre d’hôtel pour une semaine, il y a de fortes chances pour que votre plafond de carte bancaire ait été atteint… Prenez des travellers chèques, parce que les virements internationaux prennent environ 5 jours et coûtent assez chers.

Impôts, allocations, etc…

Tout travailleur au Royaume-Uni a un National Insurance Number (NI, et vous comprenez maintenant pourquoi les Monty Python avaient des Chevaliers-Qui-Disent-NI dans Sacré Graal, bien que ça n’a peut-être rien à voir). S’il n’en a pas déjà un, l’employeur doit fournir les informations nécessaires pour en obtenir un. Il faut obtenir un rendez-vous puis un numéro est délivré. Le processus peut prendre jusqu’à 2 mois. Le NI facilite l’accès aux allocations et crédits d’impôts. Mais le fait de demander une allocation ouvre aussi le droit d’avoir un NI. Certaines prestations, bien que similaires, sont traitées séparément et doivent faire l’objet de demandes distinctes. Les unes sont ensuite versées comme une allocation standard, tandis que les autres sont des crédits d’impôt. Par exemple, le fait d’avoir des enfants donne droit au Child Care Benefit, mais aussi au Child Tax Credit.

L’impôt sur le revenu et la sécu sont prélevés à la source. L’employeur prélève aussi une part retraite. Les impôts locaux sont à payer chaque mois, et ils sont pour nous d’environ 100£ par mois. Le taux d’imposition est très similaire à celui de la France, mais les aides sont plus minces. En Angleterre, les soins sont gratuits et il n’est donc pas nécessaire d’avoir un NI pour y accéder. Néanmoins, chaque habitant est supposé s’enregistrer auprès d’un médecin traitant, qui préfère alors connaître votre NI.

Banques et assurances

Les appartements sont généralement loués avec une assurance. Il n’existe pas, en Angleterre, d’assurance responsabilité civile ou équivalente. Les voitures ont une vignette, et pour payer la vignette vous devez prouver que votre véhicule est assuré. Les packages d’assurance sont beaucoup plus customizables qu’en France. Une assurance tout-risque se dit comprehensive.

Pour ouvrir un compte en banque, vous devez avoir une adresse en Angleterre. Certaines banques, comme HSBC, se satisfairont de votre ancienne adresse en France et de l’adresse de votre employeur. D’autres vous considéreront comme des criminels si vous n’avez pas habité au Royaume-Uni durant les 3 dernières années. Vous subirez encore une fois les credit check. Parlons-en : le credit check est une procédure de vérification de votre historique bancaire. Avez-vous eu des impayés ? Est-ce que votre compte est souvent en débit ? Etc… Ces données ne sont pas contrôlées par les banques, mais par des sociétés privées tiers qui vendent ensuite leurs services aux banques, assurances, agents immobiliers… etc… qui n’ont pas les détails, mais seulement un indice de fiabilité pour l’acheteur/bailleur/contracteur. Quelqu’un qui débarque dans le pays rate forcément son credit check, puisqu’il n’a pas d’historique, et vous pouvez le prévoir et prévenir la personne qui fait la vérification, cela ne change rien. Vous aurez un zéro pointé à votre credit check, et tant pis pour vous. En Angleterre, la plupart des comptes sont rémunérés et/ou gratuits. Les Anglais distinguent les debit cards, cartes bancaires standards des credit card, cartes à débit différé.

Services

Une fois dans votre nouvelle maison, vous devrez choisir un fournisseur pour le gaz, l’eau, l’électricité et le téléphone. Les trois premiers ne devraient pas faire trop de difficulté. Bien sûr vous devrez choisir parmi des dizaines de fournisseurs qui ont tous des façons différentes de facturer. Et vous ne pourrez généralement pas vous enregistrer en ligne car les formulaires demandent tous l’ancienne adresse, exigeant un post code, qui en Angleterre est un code pour votre rue. Le code postal français ne fonctionne évidemment pas, et vous resterez coincé avec votre formulaire. Dans de très rares cas, la situation est reconnue et vous pouvez faire vos démarches en ligne. Dans le cas contraire, vous devrez vous résoudre à appeler, ce qui suppose trouver le bon numéro d’appel (les numéros changent régulièrement et il y en a des dizaines, parfois pour le même service…), puis soutenir une conversation dans un anglais emprunt d’un fort accent écossais ou indien. Heureusement, les gens sont très compréhensifs avec les étrangers… N’ayez pas honte de votre anglais !

Pour le téléphone, le fait de ne pas passer le credit check vous obligera à payer une caution. Les tarifs sont généralement très obscurs, et on vous posera des questions du genre “Quand voulez-vous appeler ? – Ben… heu… tout le temps… enfin heu… comment ça ? – Vous voulez appeler plutôt le soir ? plutôt le weekend ? – Ben non tout le temps. Je veux pouvoir appeler quand je veux… – Oh… vous ne voulez pas de forfait alors ? – Ben non, je veux juste le truc le plus simple… – Oh… … … mais ça va vous coûter cher ! – …” Idem pour Internet et les téléphones portables. À savoir aussi, en 2008, le dégroupage total n’en est qu’à ses balbutiements. Enfin le mode de paiement le plus standard, c’est de dicter son numéro de carte par téléphone. Et on vous demandera si vous êtes la personne dont le nom est sur la carte. Quoiqu’il arrive, dites “oui”.

Dernière mise à jour, 25/01/2009.