Bonne conduite en Angleterre

8 10 2008

Vous l’avez vu, les Anglais conduisent du mauvais côté de la route, c’est-à-dire à gauche. Ils le reconnaissent eux-mêmes : The French drive on the right side of the road >. Chacun sait que le côté droit est bon, et le côté gauche mauvais, et la langue anglaise le souligne justement. Là où les choses se compliquent c’est que leur volant est à droite. Bon ne pinaillons pas, les Anglais conduisent du mauvais côté de la route. Il existe tout un tas de légendes sur le pourquoi du comment, et vous en trouverez un bon nombre sur cette page de Wikipédia. Vous y apprendrez aussi que la conduite à gauche est bel et bien une idée que les Anglais n’ont pas réussi à exporter. (Enfin il faut admettre que cet échec n’est pas aussi cuisant qu’il y paraît, puisque grâce au Japon et ses 120 millions d’habitants, la conduite à gauche est le mode choisi par près de 2/3 de la population mondiale.) À part ce détail, la conduite en Angleterre a de quoi faire rêver. Classe et élégance des petites anglaises : MG, Lotus, Aston Martin, Jaguar…

Emma Peel au volant du bolide rouge !

Emma Peel au volant du bolide rouge !

Passage pour piéton sur The Backs, Cambridge, UK.

Passage pour piéton sur The Backs, Cambridge, UK.

Mais en vérité, c’est la conduite à gauche, et c’est tout. Le reste n’est que rêves et légendes. Point de conducteur fair-play. Point de petits coupés pétaradants pilotés par des Emma Peel en lunettes noires et écharpes de soie. Non, au lieu de ça, les habituels 4×4 conduits par des mémères. Les fous sur la route comme partout ailleurs. Pas plus de politesse, de retenue ou de patience que sur le continent. Déception. Ah si, une petite note d’espoir tout de même : les passages pour piétons.

Deux poteaux zébrés surmontés d’une boule jaune, clignotante. Probablement l’un des plus puissants symboles de l’empire britannique. Si après un long voyage dans l’espace vous atterrissez dans un pays inconnu qui arbore ces indescriptibles fanions, aucun doute, vous êtes quelque part dans l’empire britannique. Si après un long et dangereux voyage en voiture sur l’île de Sa Majesté, vous vous perdez dans une ville, sachez que vous devrez vous arrêter si un piéton s’engage sur un tel passage pour piéton. Dit comme ça, ça n’a pas l’air trop extravagant : un passage pour piéton où il est interdit d’écraser les piétons. Mazette ! Mais ce qu’il faut voir, c’est l’aplomb avec lequel les piétons anglais s’élancent sur ces bandes blanches. Témérité ou insouciance ? Confiance ou comportement suicidaire ? Tout dépend de qui est dans la voiture qui arrive… Un Français dont la vigilance a été émoussée par des heures de conduite du mauvais côté de la route ? Un 4×4 anglais conduit par une not so british mémère ? Les Anglais semblent se jeter sur ces zébras parce qu’ils tiennent à leur folklore, et qu’ils sont prêts à risquer leur vie pour ça. Se jeter sur des zébras, ça doit leur rappeler la gloire des safaris en Afrique… Mais je ne sais pas combien il s’en tue chaque année comme ça, des Anglais. Probablement un nombre non négligeable. (Peut-être même autant qu’il se tue en France de conducteurs du dimanche ayant abusé du calva de papy.) Si vous êtes dans la position du conducteur, soyez vigilant, et prévenu que le piéton au bord de la route n’attendra pas votre passage pour s’engager. Si vous êtes dans la position du piéton, attendez que quelqu’un s’engage avant vous et que les voitures soient arrêtées… Un étranger prévenu en vaut deux, ça ne fera pas plaisir à tout le monde mais tant pis.

Le premier ennemi de l’automobiliste en Angleterre, c’est donc bien sûr la route qui est foutue n’importe comment, et globablement, à l’envers. Le deuxième ennemi, ce sont ces hordes d’automobilistes qui, comble de la stupidité, respectent ces fichus règles et roulent effectivement à l’envers. Le troisième c’est le piéton muni d’un passage passage pour piéton à lampadaire jaunes zébrés noirs et blancs (il va falloir trouver un nom plus court que ça… mais impossible de trouver une bonne métaphore, ça ne ressemble à rien de connu). Bon si l’automobiliste réchappe a tout ça il tient le bon bout. Voici une liste complémentaire d’ennemis de niveau 2, ainsi que quelques conseils pour en réchapper.

Les ronds-points

J’aurai pu dire le rond-point, mais il s’agit bien là d’une classe entière d’ennemis. Le rond-point standard est déjà intriguant et dangereux pour l’automobiliste habitué à conduire du bon côté de la route. Quand il se retrouve à l’entrée d’un rond du mauvais côté de la route, il doit redoubler, retripler voire requadrupler de vigilance. Car le rond-point anglais se prend dans le sens des aiguilles d’une montre. Il vous faut donc vérifier à droite (du bon côté) qu’aucun véhicule ne fonce sur vous. Le piège (et ç’en est un) c’est de vérifier à gauche, de voir qu’aucune menace n’arrive de ce côté (puisque, à moins de tomber sur un autre Français perdu, les voiture s’en vont par la gauche), et de se dire : ok, pas de problème, j’y vais. Bang !

C’était le rond-point niveau 1. Il existe le rond point niveau 2, ou rond-point géant, avec plusieurs files et feux rouges. Les files sont arrangées en spirales. Donc foncez sur la file portant votre destination (si vous arrivez à décrypter l’abréviation), et restez-y coûte que coûte. Voyez un exemple ici, à la sortie de l’aéroport de Stansted.

Niveau 3, le double mini-rond-point. Comme ici à Cambridge à l’extrêmité de Lensfield Road. Les ingénieurs des travaux publics ont soigneusement pris la précaution d’effacer toute ligne dans ces rond-points, mais se sont rattrapés avant et après. Notez les trois files à l’entrée nord du rond-point supérieur…

The Magic Roundabout !

The Magic Roundabout !

Enfin, le maître rond-point. Aucun Français n’a à ce jour, et à notre connaissance, réussi à en sortir vivant (si c’est le cas, envoyez votre témoignage !). Attention les yeux. Voilà, vous le savez, non seulement les Anglais roulent du mauvais côté de la route, mais leurs ingénieurs des travaux publiques sont fous. Du moins ils le sont à Swindon (entre Bristol et Oxford). Le détail hilarant, c’est qu’une des sorties est une impasse… Enfin j’espère pour les habitants de Swindon qu’ils auront un jour le courage de raser cette horreur pour construire un rond-point plus conventionnel. Non à l’expérimentation routière !

Les vélos

Certaines villes, comme Cambridge, comportent un niveau d’alerte supplémentaire : les cyclistes. Les cyclistes sont un peu des piétons qui s’apprêteraient perpétuellement à traverser. Leur témérité laisse à croire qu’ils n’ont jamais conduit une voiture, de nuit, en ville, alors qu’un abruti de cycliste sans lampe surgissait de nulle part pour vous couper la route. Jamais. Et pour pimenter la chasse, certaines rues sont a sens unique pour les voitures, mais à double sens pour les cyclistes…

Les limitations de vitesse

Bien sûr, elles sont en miles-par-heure, mph. Mais de toute façon peu importe, vous n’en verrez pas. La science des limitations de vitesse en Angleterre, c’est comme le thé, elle est infuse. Si vous entrez sur le territoire par Douvres, ne ratez pas le seul et unique panneau qui vous donne la « limitation de vitesse nationale ». Si, malgré trois passages, vous n’êtes toujours pas parvenu à lire les 20 lignes que comporte ce panneau, voici quelques indications, sans garantie :

  • sur autoroute (M), la vitesse est limitée à 70 mph (110 km/h)
  • sur les nationales (A), la vitesse est limitée à 70 mph lorsqu’il y a deux fois deux voies, et autrement à 60 mph (100 km/h
  • sur les départementales (B), la vitesse semble limitée à 60 mph aussi
  • en ville la limitation est généralement de 30 mph (50 km/h), mais peut atteindre 40 mph (60 km/h)
  • en cas de travaux, la vitesse sur autoroute est réduite à 50 mph (80 km/h)

Les consommations

Oh je ne parle pas des consommations alcoolisées que d’aucuns se mettent derrière la cravate. Le principal assureur du pays s’appelle AA, mais c’est en référence à Automobile-Association, et non à Alcoholics Anonymous. Les Anglais semblent plutôt raisonnables quand il s’agit de boire ou conduire, généralement, monsieur boit et madame conduit. Mais je parlais plutôt de consommation de carburant pour la voiture. Les consommations ici sont en miles-par-gallon. Tant qu’à faire. Le gallon, qu’est-ce que c’est ? Pas de panique, c’est 8 pintes. Ou 10 livres d’eau. Ou encore 4,542 L. Boarf. Sachant qu’un mile fait 1,609 km, consommer 5 litres-aux-cents, ça fait 56,5 miles-par-gallon. Bon et le truc à savoir c’est que le carburant n’est pas donné par ici, et que surtout, le gazoil est plus cher que l’essence…

Et en vrac pour finir, sachez que les routes sont gratuites. En contre-partie elles sont sales, et généralement assez mauvaises. Notez néanmoins que leur état s’améliore de façon très lente mais constante. Oh, par contre les ponts et tunnels peuvent être payants. Si vous passez à Dartford Crossing, pensez à vous munir d’une pièce d’une livre, ou d’un billet quelconque pouvu qu’il soit en livres, sinon vous serez impitoyablement refoulé. Bon après tout ça il ne me reste qu’à vous souhaiter bonne route !

Bonus

Je ne résiste pas : http://www.imdb.com/title/tt0054518/quotes.


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